À l’heure actuelle, la digitalisation s’inscrit partout dans notre quotidien (rdv médical, Bulletin de salaire, ticket de caisse dématérialisé), mais également dans les processus relatifs aux ressources humaines. Nous nous apercevons que les solutions digitales sont encore trop peu pensées pour une partie des salariés : les cols bleus. Elle a pourtant tout son intérêt pour cette catégorie de travailleurs dans un contexte où il faut limiter les risques et notamment les interactions physiques.
Xavier MAUDET, directeur associé en charge de la BU WFM chez Althéa, cabinet de conseil en management, et Antoine POIRON, Directeur Offres Sourcing et Partenariats chez PIXID, abordent ce sujet avec leurs différents points de vue.
Est-ce que les salariés sont tous égaux face à la transformation digitale en entreprise ?
Non, les salariés ne sont pas égaux face à la transformation digitale. Les enjeux de cette dernière sont spécifiques à chaque catégorie de salariés. Celle-ci serait pourtant bien accueillie par les opérationnels qui sont en effet 59% à l’envisager de manière positive selon une étude de Microsoft. S’ils sont plutôt bien équipés à titre personnel (60% d’entre eux disposent d’un smartphone), ils leur manquent en revanche encore d’outils à titre professionnel.
Pourtant, en les équipant de tablettes ou de smartphones, les entreprises leur offrent une plus grande autonomie pour un travail plus efficace. Par exemple, les mécaniciens de maintenance navale et aéronautique pourront, grâce à ces derniers, collaborer avec les équipes d’ingénierie. Ils pourront ainsi partager des informations, des photos et des vidéos sur les interventions à réaliser. Cette collaboration renforcée sera particulièrement utile pour les opérations complexes comme la maintenance de certains aéronefs ou encore des SNLE qui peut se dérouler en plein océan.
Il était plus facile de digitaliser les cols blancs, car ils ont accès à des bureaux avec des PC portables. Alors que l’évolution a été plus lente pour les opérateurs puisqu’ils n’en ont pas forcément et il s’agit d’un poste de dépense supplémentaire.
Cela impliquait aussi une problématique liée à la sécurité informatique, pour limiter les points d’entrée en cyber attaques et donc limiter le nombre de comptes à offrir auprès des collaborateurs.
Aujourd’hui les entreprises qui souhaitent digitaliser, car c’est un vecteur de croissance et de performance, se retrouvent parfois confrontées à la difficulté sur terrain de s’adapter et de parler à l’ensemble des collaborateurs.
Dans le cas de l’intérim, la numérisation permet de faciliter les démarches administratives et limite les déplacements en agence pour les intérimaires. Le taux d’adoption de ces plateformes est de 90%-95%. Il y a une vraie différence entre les acteurs qui ont pris le pas et ceux qui sont encore au fichier Excel et à la collecte de documents papiers.
Est-ce réellement un oubli ou un choix de l’entreprise ?
Le passage au digital est un choix de l’entreprise. Il faut que cela représente un vrai impact business et que le retour sur investissement soit conséquent par rapport à certaines contraintes que cela peut engendrer.
L’une d’entre elles est l’adoption de ces plateformes numériques. Il faut que les outils digitaux soient utilisés par l’ensemble des salariés. Certains salariés sont réticents, car cela apporte plus de traçabilité sur l’activité et implique des changements de process. Un appui pédagogique et technique est donc nécessaire pour lever les réticences et faciliter l’appropriation de ces nouveaux outils.
Il faut également pouvoir délivrer cet outil sur l’ensemble des sites de l’entreprise, ce qui peut représenter un véritable défi pour les entreprises réparties sur des territoires géographiques étendus.
Il implique également une exposition au risque de cyber-attaques et à l’accès aux données sensibles. Chez PIXID, la sécurité informatique est l’une de nos priorités. Nous couvrons les domaines de la protection des données, de la conformité réglementaire et de la gestion des incidents. Les cyber-attaques sont connues et contrôlées avec des process bien en place. Le RSSI et DPO PIXID, collaborent pour faire de la veille constante sur les nouvelles réglementations RGPD, pour mettre bien en place les politiques pour qu’aucunes données ne soient divulguées. Notre plateforme est certifiée ISO 27001 depuis 2014 ce qui atteste d’un véritable contrôle sur l’accès aux données.
Comment faut-il gérer les oubliés de la transition numérique ?
Cela dépend des secteurs d’activité et de leurs spécialités. Les entreprises doivent faire preuve d’innovation pour s’adapter aux besoins spécifiques des ouvriers. Surtout que les technologies sont de nos jours en constante évolution. Plusieurs outils RH classiques existent déjà tels que les badgeuses avec des terminaux pour obtenir les relevés d’heures des manutentionnaires. Ils permettent au service des ressources humaines une meilleure gestion des effectifs. Il est également possible d’envisager l’utilisation d’outils moins communs tels que les « voice bot » pour s’affranchir de l’outil en tant que tel et être dans l’interactivité avec le personnel. Il y a également l’internet des objets. Il révolutionne l’utilisation du matériel en entreprise afin de récolter les données sur l’activité en direct. Ces dernières peuvent ensuite être transmises entre eux et avec d’autres systèmes.
Ces solutions sont contrôlées par la Cnil mais ne permet pas de répondre à tous les cas de figures tel que la demande de congés en ligne, l’accès au contrat de travail et la signature à distance.
Les entreprises qui n’ont pas investi dans ces solutions ont beaucoup été touchées par la crise sanitaire qui a limité les accès aux travailleurs manuels à leur poste de travail. Mais il y a d’autres exemples, comme les ressources humaines qui n’ont pas pu faire les paies pendant le confinement et n’ont pas pu faire signer les contrats de travail. Elles se sont vues contrainte de faire appel à ce nouveau type d’outils digitaux pour faciliter les démarches administratives. Ce n’est donc plus un choix pour l’entreprise mais une obligation.